Le succès des vacances ubérisées

Crédit : vgajic
L’économie dite « collaborative » est partout. Elle s’invite maintenant jusque dans l’organisation des vacances. Celle-ci recoupe un ensemble d’échanges de pair à pair, monétisés ou non, et généralement réalisés par l’intermédiaire d’une plateforme. Qui sont les Français qui y ont recours ? Pourquoi covoiturent-ils ou choisissent-ils d’utiliser Airbnb ?

Les solutions collaboratives préférées des Français

Le collaboratif divise. Il est tantôt perçu comme une concurrence déloyale, tantôt comme un ensemble de services innovants bénéfiques au consommateur, comme le fait remarquer le Think Tank du parlement européen. D’autres y voient même un nouveau levier de création de valeur pouvant « redresser le secteur » du tourisme. Quoi qu’il en soit, il s’insinue doucement dans les pratiques des Français en vacances.

65%
des Français se disent prêt à envisager des solutions collaboratives pour partir en vacances.

Deux tiers d’entre eux se disent ainsi prêts à envisager ce type de services pour leurs congés, d’après l’Observatoire E.Leclerc. Toutefois, ce constat est à nuancer : dans les faits, seuls un tiers (36%) de ceux partis en vacances ces douze derniers mois y ont effectivement eu recours. Mais de quels services parle-t-on ? L’offre paraît pléthorique, qu’il s’agisse de se loger « chez l’habitant » (Airbnb en tête), de se déplacer en covoiturage ou en auto-partage (Blablacar, Koolicar, Drivy, etc.), voire de partager une expérience avec des « locaux » comme avec Airbnb Experiences, ou Eatwith.

Selon l’enquête Ipsos pour l’Observatoire E.Leclerc des Nouvelles Consommations, la location chez un particulier et, à une moindre échelle, le covoiturage, sont les pratiques les plus répandues – par respectivement 25 et 11% des Français dernièrement partis en vacances.

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Part de Français ayant l’habitude de covoiturer en vacances ou en week-end.

Et à Paris, au Welcome City Lab, un incubateur de start-ups dédiées au secteur du tourisme, le collaboratif continue de s’inventer : avec par exemple une plateforme de « cotrainage » proposant des réductions sur leurs billets de train aux voyageurs se regroupant entre eux.

Le tourisme collaboratif n’est pas l’apanage des petits budgets 

Le profil des vacanciers ayant recours à ces services peut paraître surprenant. Les moins de 34 ans et les catégories socio-professionnelles supérieures sont sur-représentées parmi les adeptes de services type Airbnb (35% environ, contre 25% en moyenne, toujours selon L’Observatoire). Ceci tend à laisser penser que le portefeuille n’a pas grand-chose à voir avec le fait de choisir de partir en covoiturage ou d’aller loger chez un particulier.  De fait, lorsqu’ils réduisent leur budget vacances, les Français économisent davantage sur les achats, activités et repas au cours de leur séjour, tandis que le covoiturage ou l’hébergement chez un particulier sont des stratégies d’économies bien moins citées.

On comprend alors que l’arbitrage se fait davantage en fonction de la philosophie de vie et des valeurs de chacun : 18% des Français se disent en effet très attachés à l’idée que leurs vacances « reflètent leur mode de vie ». Une part qui atteint même 30% des « Changeurs », famille de consommateurs identifiée comme ayant l’approche la plus citoyenne. D’autres, comme les « Créactifs », envisagent plus volontiers le collaboratif si cela leur permet d’améliorer leurs congés et réduire leurs coûts. Plus de 40% d’entre eux qui se disent ainsi prêts à faire du co-voiturage.

Enrichissement personnel, soif de rencontres, envie de vivre de nouvelles expériences, ou recherche d’une manière de voyager plus spontanée. Ces raisons « culturelles », sont les plus mises en avant lorsque les adeptes des vacances ubérisées expliquent leurs choix. Ce sont les arguments qu’exposaient déjà les pratiquants du couchsurfing, l’un des premiers systèmes d’hébergement collaboratif. Mais avec des leaders comme Airbnb ou Blablacar, ces expériences ne sont plus aujourd’hui cantonnées à des communautés de niche.