Le « zéro déchet » : naissance d’un mouvement
À la mi-2016, le Festival Zero Waste rassemblait 5 000 participants et s’affirmait comme le premier événement français consacré au « zéro déchet » jamais organisé. Le mouvement du « zéro déchet » cherche à « all[er] bien plus loin que la simple intégration du recyclage dans notre gestion des déchets » et à changer de paradigme de société, avec pour objectif de « produire moins et gérer autrement les déchets existants », avec pour visée idéale une société « zéro déchet, zéro gaspillage ».
L’ouverture d’une Maison du zéro déchet, un an plus tard, à Paris, financée après une campagne de crowdfunding, symbolise peut-être mieux que toute autre chose la pérennité d’une thématique qui a lentement maturée depuis son apparition en France, en 2012. Les formations, démonstrations et ateliers proposés viennent poursuivre dans la vie « réelle » le travail mené par une impressionnante blogosphère qui s’est constituée autour du sujet.
Certains consommateurs s’engagent plus que d’autres
Pour autant, doit-on voir ce mouvement comme à l’avant-garde d’une tendance sociétale profonde ? L’Observatoire des Nouvelles Consommations révèle à priori un quasi-consensus sur l’idée d’une société plus attentive aux ressources qu’elle utilise et aux déchets qu’elle génère : 82% des Français pensent ainsi qu’« on ne devrait acheter que des produits totalement respectueux de l’environnement », une part qui, même chez la famille de consommateurs la moins préoccupée par le sujet, les « Assiégés », atteint 64%.
Ce constat reste à nuancer dans la pratique. Certes, les Français affirment faire de plus en plus attention à l’engagement environnemental (dont l’emballage recyclé) des produits qu’ils achètent (pour 68% d’entre eux). Pour autant, seuls 38% des Assiégés disent y prêter attention, contrairement à 95% des Mécènes et des Changeurs. Il y a donc bel et bien des différences significatives au sein de la population française, notamment entre les Changeurs et les Assiégés. Autre exemple : seulement 32% des Assiégés estiment important qu’une marque alimentaire, soucieuse de son impact environnemental, bénéficie d’une politique de recyclage des déchets, contrairement à 65% des Changeurs. Enfin, l’achat de produis en vrac (sans emballage et au poids), est aussi un indicateur de décalage fort, puisqu’il est plébiscité deux fois plus par les Changeurs que les Prétendants.
Le retour de la consigne ?
Un signe concret de pratiques qui changent ? La Maison du zéro déchet propose à l’achat des confitures et des bières dans des contenants en verre consignés – c’est-à-dire rapportés dans un point de collecte, souvent directement au magasin d’achat, après leur usage, pour être lavés et réutilisés. La « Maison » fait aussi écho à un certain nombre d’initiatives locales qui tentent de faire revivre une pratique disparue à l’échelle nationale depuis près de 40 ans – contrairement à un pays comme l’Allemagne.
Un Réseau Consigne, fondé en 2012, tente également de favoriser le retour du verre consigné. Le verre représentant aujourd’hui la moitié du poids des déchets ménagers français. En France, certaines régions semblent plus impliquées que d’autres en faveur de la consigne. C’est le cas notamment de l’Île-de-France ou encore la Bretagne, où une étude montre qu’une majorité des consommateurs s’engagent pour l’achat en verre consigné, mais aussi dans le Jura, dans les Pays de la Loire, où une filière régionale du réemploi du verre est en passe de se développer, etc. : les projets locaux, partout en France, se multiplient. Comme un symbole de la force de cet « antigaspi » qui s’est récemment invité dans les États généraux de l’Alimentation…