Consommer responsable : la tendance du « faire soi-même »

Crédits : slavemotion
« Do It Yourself » (ou « Faites-le vous-même » en français) : apparue aux États-Unis dans les années 70, la pratique revient en force. Portés par le plaisir de faire, le bricolage, la création d’objets déco ou la customisation de vêtements y tiennent toujours une place de choix. Mais les adeptes du faire soi-même investissent désormais de nouveaux territoires, à la recherche d’une consommation mieux maîtrisée.

Tous les domaines de la vie quotidienne sont concernés 

C’est un des grands rendez-vous du faire soi-même : en novembre dernier, 55.000 visiteurs ont arpenté les allées de la dernière édition du salon Créations et savoir-faire, qui accueille des exposants aux profils de plus en plus diversifiés. Aux côtés des grands classiques des loisirs créatifs, déco, bijoux, confection ; d’autres acteurs du marché proposent également des kits pour fabriquer des produits de beauté ou des produits d’entretien pour la maison. La demande est là : 24% des Français déclarent fabriquer eux-mêmes au moins de temps en temps leurs produits ménagers et 14% leurs produits de beauté, relève l’étude Ipsos pour l’Observatoire E.Leclerc des Nouvelles Consommations.

La réparation d’objets ou leur recyclage en un autre produit, comptent également toujours plus d’adeptes : 63 % des Français prolongent ainsi la vie de leurs objets en les réparant eux-mêmes, aidés par d’innombrables « tutos » disponibles sur internet ou sur Wikifab, sorte de Wikipedia du Do it yourself.

C’est aussi dans la cuisine que le faire soi-même signe un retour gagnant. Concocter « comme un chef » des recettes à base de produits bruts – légumes, viandes, poissons – est pratiqué par 88% des Français interrogés par Ipsos.

Des profils de pratiquants diversifiés, des attentes multiples

Aujourd’hui, les moins de 35 ans arrivent le plus souvent en tête des personnes adeptes du faire soi-même. 50% d’entre eux déclarent par exemple fabriquer eux-mêmes des objets de décoration quand les 35-59 ans ne sont que 38% à recourir à cette pratique. L’écart global avec les autres générations reste néanmoins plutôt mince.

Quant aux femmes, elles restent globalement plus nombreuses, sans avoir le monopole de la pratique : majoritaires sur la confection des objets, la fabrication des produits ménagers et des produits de beauté, les hommes les devancent pourtant sur la réparation et le recyclage des objets, et ne sont absents d’aucune activité. La preuve : 10 % des hommes déclarent aussi fabriquer leurs produits de beauté, contre 21% pour les femmes !

Mais qu’est-ce qui les motivent ? Une des explications avancée par le sociologue Ronan Chastellier dans cet article du Monde, serait liée au fait qu’« aujourd’hui, la plupart des gens exercent des métiers intellectuels, sans jamais voir le fruit de leur travail ». Aussi, « construire à côté une vie plus créative, leur permet de se faire plaisir et de remettre du sens dans leur quotidien». Un propos étayé par Camille, 35 ans, inconditionnelle du Do it yourself. Elle ajoute que « retrouver du sens, c’est aussi mieux consommer, avec des produits plus sains et plus durables, pour préserver l’environnement. » Même son de cloche du côté des Français interrogés par Ipsos dans le cadre de l’étude pour L’Observatoire E.Leclerc des Nouvelles Consommations : ainsi, « moins de gaspillage » et « lutte pour l’environnement » sont cités par plus de 9 adeptes sur 10 de la réparation d’objets, devant la « volonté de dépenser moins » (citée par 54% des interrogés adeptes de ces pratiques).  

Les bonnes affaires du faire soi-même 

272 euros

Économie moyenne réalisée chaque année par les Français adeptes du faire soi-même

Faire soi-même présente aussi des bénéfices pour le porte-monnaie. Ainsi, il a été estimé que 272 euros : c’est, en moyenne, l’économie réalisée chaque année par les Français interrogés pour l’étude. Une bonne affaire, dont profitent aussi les professionnels : start-up mais aussi grandes enseignes qui associent le conseil à la vente de leurs produits. Un secteur en développement, et qui permet de fédérer : car si aujourd’hui, le Do it yourself se pratique plutôt seul pour 40% des sondés, ou à 35% entre amis ; l’étude d’Ipsos nous révèle que 75% des Français interrogés seraient prêts à l’avenir à participer à des ateliers organisés dans une enseigne de supermarché, pour apprendre à donner une seconde vie à leurs objets usés ou pour les réparer. Une demande naissante qui se justifie par le fait que sur l’ensemble des activités du faire soi-même (bricoler, faire ses produits ménagers ou de beauté, etc.) le principal frein évoqué par 73% des personnes interrogées, reste que tout simplement ils ne savent pas faire.

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