Ceux qui se connectent derrière leur ordinateur pour suivre la dernière keynote du fabricant de smartphone à la pomme croquée le savent bien : on peut facilement tomber dans une certaine idolâtrie pour les produits « tech », et adopter en conséquence des comportements d’achat quelque peu compulsifs. En la matière, l’Observatoire E.Leclerc des nouvelles consommations le révèle bien, il y a en tout cas une grande appétence de la société française pour le high tech : nous sommes 1 sur 2 à vouloir toujours être à la pointe de l’innovation. Plus largement, pour 90% d’entre nous, les nouvelles technologies simplifient la vie, et seuls 20% des Français les jugent trop compliquées.
Le marché des smartphones reconditionnés en pleine croissance
(source GfK).
Pour autant, nous n’achetons pas tous de la même manière notre enceinte connectée, notre console de jeu vidéo ou, notre smartphone. Ce dernier est un cas critique, car nous le renouvelons beaucoup plus fréquemment que d’autres biens technologiques : tous les deux à trois ans selon différentes études. L’Observatoire E. Leclerc des nouvelles consommations révèle que pour les smartphones, 18% des Français font en priorité le choix de la seconde main, avant tout via l’achat d’un produit reconditionné, voire, plus minoritairement, par l’achat d’un produit d’occasion ou en récupérant un téléphone auprès d’un proche. Résultat : près de 2 millions de smartphones reconditionnés auraient été vendus en France en 2016. Cela représente près de 10% du total des smartphones vendus, et un marché en croissance de 50% en seulement un an.
Intuitivement, on pourrait penser que les plus aisés achètent neuf, et les plus contraints d’occasion. Sauf que… En réalité, le revenu n’a pas grand-chose rien à voir à l’affaire ! On note en effet que certaines grandes familles de consommateurs optent pour la seconde main bien plus volontiers que d’autres (voir graphique) : les Mécènes et les Changeurs. Ces deux familles ont en commun une attitude « citoyenne » qui se retrouve dans leur consommation.
Le marché de l’occasion, pour lutter contre l’obsolescence programmée
Le prix élevé d’un smartphone haut de gamme contribue bien entendu à expliquer le boom du marché du reconditionné. Mais on assiste bien en parallèle à une prise de conscience de la surconsommation technologique et de l’obsolescence programmée. Ce segment du marché s’organise autour de plateformes et places de marché dédiées au rachat, au reconditionnement et/ou à la revente de produits tech. Il a aussi fait son apparition non seulement dans les rayons des magasins d’électroménager, mais aussi chez Label Emmaüs, la boutique en ligne du mouvement associatif, sous la forme d’un « Geek-à-brac ». Consommer reconditionné apparaît désormais comme un acte citoyen, et devient un argument de vente.