L’autotest : un outil d’orientation mais pas de diagnostic
Les autotests sont des dispositifs de mesure d’un paramètre biologique, conçus et fabriqués pour une utilisation à domicile par le grand public. Leur développement sur le marché européen est en pleine croissance depuis quelques années.
Certains sont destinés à accompagner des patients dans la prise en charge de leur maladie : lecteurs de glycémie pour les diabétiques, appareils d’autocontrôle de la coagulation en cas de risque hémorragique… Dans ce cas, les patients sont médicalement encadrés et suivent au préalable une formation à l’utilisation de ces dispositifs.
D’autres sont utilisés en dehors d’un suivi médical et sans prescription. Ils ont alors pour objectif de renseigner sur la présence ou l’absence d’un marqueur biologique. Le test de grossesse ou le test d’ovulation sont les plus connus. Récemment, de nouveaux autotests ont fait leur apparition en Europe : VIH, tétanos, infection urinaire, maladie de Lyme, pathologie de la prostate, du côlon ou de la thyroïde, ménopause, allergies, cholestérol… Toutefois, il s’agit d’être vigilant sur les résultats obtenus. Comme le rappelle l’Agence nationale de sécurité du médicament et de produits de santé (ANSM), ils nécessitent « d’être confirmés par des examens de biologie médicale et partagés avec le médecin qui prend en charge le patient, au regard de la présence ou l’absence de symptômes, afin d’établir un diagnostic. »
Récemment l’Institut Ipsos a réalisé une enquête pour le compte de E.Leclerc sur les connaissances et les pratiques des Français vis-à-vis des autotests. Celle-ci montre que 52% des personnes interrogées en ont déjà entendu parler, les plus connus étant l’autotest du diabète (47%), l’autotest colorectal (37%) et l’autotest d’ovulation (31%). Les Français plébiscitent ces dispositifs: un tiers d’entre eux considère qu’il est urgent de sensibiliser la population aux autotests pour contrôler plus efficacement sa santé ou pour prendre conscience précocement d’un risque pour sa santé avant de confirmer ses résultats en laboratoire.
Malgré ces opinions positives, seuls 23% des personnes interrogées ont déjà utilisé au moins un autotest. Ce niveau d’utilisation semble être avant tout lié à un manque de connaissance sur ces dispositifs : 65% des Français qui n’ont jamais eu recours à un autotest déclarent qu’ils ignoraient leur existence pour les problèmes de santé présentés.
Parmi les Français ayant déjà eu recours à au moins un autotest, 65% déclarent se l’être procuré « au moins une fois » en pharmacie. Un chiffre important lié au fait qu’aujourd’hui, les autotests de santé – à l’exception des tests de grossesse et d’ovulation – sont soumis au monopole pharmaceutique, en France.
La vente en parapharmacie : une demande clairement identifiée
L’enquête d’Ipsos révèle que 85% des Français se disent aujourd’hui favorables à la vente des autotests en parapharmacie, sous le contrôle d’un docteur en pharmacie.
Une favorabilité qui est motivée notamment par la « facilité d’accès » (90%) que ce nouveau canal de commercialisation présenterait, et sa « rapidité d’accès » (89%), qui permettraient des « dépistages plus précoces » pour 87% des interrogés,et « plus fréquents » (86%).
D’ailleurs, la vente des autotests en parapharmacie n’apparaît pas comme un obstacle, concernant la perception de qualité et de fiabilité de ces dispositifs: 70% des interrogés disent qu’ils auraient confiance dans la fiabilité d’un autotest qu’ils se seraient procuré en parapharmacie.
Ainsi, si la vente des autotests de santé y était autorisée, 79% des Français se disent aujourd’hui « prêts à acheter leur(s) autotest(s) en parapharmacie sous le contrôle d’un docteur en pharmacie ».