Les Français parfois contraints de rogner leurs dépenses de santé

Kobus Louw
Trop coûteuse, la santé ? Quand ils rencontrent des difficultés financières, les Français n’hésitent pas à réduire la dépense, des médicaments sans ordonnance jusqu’aux visites chez le médecin. Des arbitrages qui concernent en priorité les plus fragiles, note une nouvelle étude Ipsos pour l’Observatoire E.Leclerc des Nouvelles Consommations.
45 %

des Français ont déjà renoncé à des prestations médicales à cause de problèmes financiers.

Des renoncements qui progressent

Il y a 5 ans, les Français qui se disaient contraints de réduire leurs dépenses de santé étaient 41 %, 4 points de moins qu’aujourd’hui. Et si l’achat de médicaments non remboursés est assez logiquement le poste sur lequel les arbitrages sont les plus fréquents (39 % aujourd’hui, plus 3 points en 5 ans), les consultations chez le médecin et les analyses ne sont pas non plus épargnées. Chez ces Français dont le budget est sous pression, 27 % ont déjà renoncé à une visite chez leur médecin, c’est même arrivé plusieurs fois pour 15 % d’entre eux. Là encore, ces chiffres sont en hausse : ils n’étaient que 22 % à renoncer à ces visites il y a 5 ans. Plus marquée encore, la progression du renoncement aux analyses médicales progresse de 7 points, un renoncement qui concerne désormais 1 Français sur 4. Le poste de dépenses le moins impacté reste l’achat de médicaments remboursés. Seuls 20 % des Français interrogés par Ipsos y ont déjà renoncé, mais ils n’étaient que 16 % il y a 5 ans.

Les plus fragiles sont les plus exposés

Être jeune, avoir des revenus modestes ou des enfants expose plus fortement au risque de devoir renoncer à certaines prestations médicales, constate Ipsos. Chez les 25-34 ans, ils sont ainsi 63 % à déclarer avoir dû renoncer à une ou plusieurs prestations de santé, c’est 18 % de plus que la moyenne. La situation est encore plus tendue dans les foyers disposant d’un revenu net mensuel inférieur à 1 250 euros, au sein desquels 65 % ont déjà renoncé à une prestation de santé. Enfin, plus de la moitié (56 %) des foyers qui comportent au moins un enfant ont eux aussi été contraints de renoncer au moins une fois à une consultation, à des analyses ou à l’achat d’un médicament.

Un contexte dans lequel 40 % des foyers aux revenus modestes interrogés par Ipsos indiquent avoir déjà demandé à leur pharmacien de leur donner le traitement le moins cher, un tiers d’entre eux allant jusqu’à préciser avoir un budget limité pour cet achat… Mais ils ne sont pas les seuls à souhaiter maîtriser cette dépense : 32 % des Français interrogés par Ipsos, toutes catégories confondues, disent aussi avoir déjà demandé à leur pharmacien le traitement le moins onéreux pour se soigner ; c’est même plus de la moitié si on y ajoute ceux qui souhaiteraient le faire sans toutefois oser le demander !

* Etude « Les Français et leur santé au quotidien» réalisée pour E.Leclerc du 06 au 08 février 2024 auprès de 1 025 personnes constituant un échantillon représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus