Les Français ne sacrifient pas le médicament

Les Français ne sacrifient pas le médicament
Crédits : Lenta
Même s’ils sont plus nombreux à retarder certaines autres dépenses de santé, les Français, dans une large mesure, n’ont pas sacrifié leurs dépenses en médicaments ces deux dernières années. Ils sont même désormais 1 sur 2 à avoir recours à l’automédication.
Les données et les enseignements présentés dans cet article se basent
sur l’analyse des résultats de l’enquête réalisée en 2017 auprès de 2 000 Français
par IPSOS pour l’Observatoire E.Leclerc des Nouvelles Consommations.

Le médicament reste au cœur du parcours de soin

Il existe une vaste littérature consacrée au rapport des Français avec les médicaments. Chaque année, nous dépensons un peu plus de 30 milliards d’euros dans les officines pharmaceutiques, un chiffre assez stable d’une année sur l’autre[1]. Si les résultats de notre Observatoire des nouvelles consommations ne relèvent pas de véritables surprises, ils dressent tout de même un tableau un peu plus nuancé. Effectivement, seuls 9% des Français sont disposés à faire des sacrifices sur le médicament, un nombre constant quelles que soient les catégories observées, à l’exception peut-être des 18-24 ans (13%).

Ils font plus facilement l’impasse sur les soins optiques (20%), dentaires (26%) ou même une consultation chez le médecin pour une maladie courante (26%).Néanmoins, 70% des Français déclarent de plus en plus souvent éviter de prendre des médicaments. Le mouvement est général, mais deux des nouvelles familles de consommateurs se distinguent. Sans surprise, les Assiégés limitent moins facilement leur consommation de médicaments – 61% d’entre eux le font tout de même régulièrement. A l’opposé, 84% des Changeurs ont réduit leurs habitudes, sans doute en raison de leur goût pour les médecines douces qu’ils sont 77% à plébisciter.

L’automédication se généralise

Un peu moins d’un Français sur trois, 30% pour être exact, pense que l’on peut se passer d’un médecin pour se soigner. Cette proportion diminue fortement avec l’âge : à 60 ans passés, ils ne sont plus que 15% à le penser. On retrouve ce chiffre de 15% dans la famille de nouveaux consommateurs des Mécènes, qui disposent à la fois de plus de temps et de plus d’argent pour se rendre chez le médecin.

Lorsque nous sommes malades, l’automédication est la pratique la plus citée : elle concerne un Français sur deux. Cette habitude est désormais bien ancrée dans toutes les catégories de la population, à l’exception de la nouvelle famille des Changeurs, qui comme nous l’avons déjà vu apprécient plus les médecines douces ou alternatives. Point intéressant, le recours à l’automédication ne semble pas lié à un souci d’économie : 56% des foyers avec plus de 3 000 € de revenus mensuels nets la pratiquent, contre 44% de ceux qui disposent de moins de 2 000 € par mois. C’est plutôt la fréquence des maladies, liée aux nombres de personnes présentes dans le foyer, et en particulier le nombre d’enfants, qui semble pousser vers l’automédication.

Pharmacies et parapharmacies : une frontière qui s’estompe

En France, seules les pharmacies ont le droit de vendre des médicaments en vente libre, à la différence de la plupart des autres pays européens. La seule alternative est la vente sur internet, que les acteurs du secteur n’ont pas choisi de développer à grande échelle pour l’heure. Conséquence, seuls 4% des Français achètent des médicaments en ligne.

18 %
des Français déclarent acheter des médicaments sans ordonnance en parapharmacie, où ils ne sont pas vendus.

Fait intéressant, 18% des Français déclarent acheter des médicaments sans ordonnance en parapharmacie, où ils ne sont pas vendus. On peut en tirer un enseignement important. Pour ces consommateurs la notion de médicaments sans ordonnance est sans doute assez floue. Ils considèrent qu’un certain nombre de produits de parapharmacie – produits diététiques, hygiènes, etc.-  font partie de leur panier d’automédication, et ne se dirigent donc pas automatiquement vers une pharmacie.

Historiquement, les produits de parapharmacie se vendent avant tout dans les pharmacies classiques -76% de part de marché en 2015 selon IMS Health[2]. Les consommateurs achètent souvent ces produits en même temps que leurs médicaments. Pourtant notre étude révèle une situation moins figée. 52% des sondés déclarent habituellement effectuer leurs achats en parapharmacie, et particulièrement dans celles situées dans les grandes surfaces (31%). La position centrale de la pharmacie, de droit sur le médicament et de fait sur les produits annexes, n’est plus aussi claire. Quand il n’existe pas de monopole de vente, les Français ont tendance à choisir le plus pratique, ou le moins cher.